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Les Aventures de Tintin : les 10 meilleurs épisodes

Quels sont les 10 meilleurs épisodes de la série animée culte Les Aventures de Tintin, adaptée des bandes dessinées encore plus cultes de Hergé ?

Un wagon fonce vers la caméra au son de la caisse claire. À l’intérieur, un homme bringuebale tandis que le pont se profile à grande vitesse. S’ensuit un saut vertigineux, droit sur le spectateur, avant une course infinie devant un faisceau de lumière, au rythme du thème composé par Ray Parker, Jim Morgan et Tom Szczesniak. Pas de doute : vous êtes devant le générique des Aventures de Tintin.

Quiconque a grandi dans les années 1990 a forcément succombé à la série animée adaptée des BD. Louée pour sa fidélité aux planches de Hergé, Les Aventures de Tintin mérite qu’on revienne sur les 10 immanquables qui vous feront dresser la mèche sur la tête, classés de l’excellent à l’inoubliable.

Avertissement : oui oui oui, il a fallu faire des choix, et mettre de côté quelques histoires cultes (L’Etoile mystérieuse, Cock en stock, L’Affaire Tournesol), mais c’est le jeu, tonnerre de Brest !

 

*musique culte en tête*

 

10. Tintin et les picaros

 

Les Aventures de Tintin : Tintin et les Picaros“Who do you gonna call” pour composer le générique ?

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Coup double pour nos héros qui résolvent simultanément une dictature sud-américaine et le fléau de l’alcoolisme (dont la série se rappelle in extremis qu’il concerne Haddock).

Pourquoi c’est loin de picaros les yeux ? Après un coup monté, la fine équipe se retrouve piégée en pleine dictature. Le motif de la prison qui ne dit pas son nom, survolé dans L’Affaire Tournsesol, offre un jeu de dupe sur lequel plane la silhouette renfrognée de Manolo. Bon point : la série fait le choix de rendre certaines peaux plus mates, dont celle de l’inénarrable Alcazar, pour gagner en cohérence.

Les parachutages visant à entretenir l’alcoolisme des guérilleros ou le procès politique grotesque de Tintin confèrent à l’épisode une portée satirique plutôt agréable. L’aventure culmine dans une improbable révolution carnavalesque, haute en couleurs et en chants potaches.

 

9. Le crabe aux pinces d’or

 

Les Aventures de Tintin : Le crabe aux pinces d'orLa coke a coulé

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Après les cigares, les boîtes de conserve : qu’importe l’emballage pourvu qu’on ait l’opium. Heureusement, un expert en addiction nommé Archibald Haddock passait le bout de son Karaboudjan par-là.

Pourquoi c’est clairement pas que du crabe ? Dépassé, pleurnichard, ronchon et bien sûr alcoolique : c’est peu dire que le capitaine Haddock soigne son entrée dans la série. Contraint par le scénario, l’épisode ne peut totalement diluer ses démons. Sa course démente entre les dunes et au-devant des balles sonne comme une allégorie de sevrage hardcore.

Des docks au fond de cale, l’univers maritime est à l’honneur et charrie son lot de péripéties au cœur d’une mécanique scénaristique merveilleusement fluide. Les moments de tension (le jeu du chat et de la souris sur le bateau, le désert écrasant) le disputent aux pics d’adrénaline (le rush désespéré de Milou pour donner l’alerte, l’attaque de l’hydravion ou la traversée de l’orage). Et c’est dans les épreuves que se forgera l’amitié du vieux loup et du jeune reporter. Un épisode incontournable donc pour Tintin et Haddock.

 

8. L’oreille cassée

 

Les Aventures de Tintin : L'oreille casséeRodrigo Tortilla m’a tuer

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Un fétiche Arumbaya doté d’un piercing alternatif joue à cache-cache avec deux assassins mexicains grimés en Chevalier et Laspallès, pendant que les Dupond-t galèrent intrinsèquement avec la langue française.

Pourquoi c’est tout sauf une contrefaçon vulgaire ? Après avoir mis Al Capone sous les verrous en 20 minutes chrono, Tintin revient en Amérique, au sud cette fois. L’Amazonie assure son quota de dépaysement, avec une scène de rapides joliment animée et un flash-back du vol du diamant bigrement immersif, transcendé par les percussions et le dialecte du chef de tribu. Par ailleurs, le destin de la relique pose en filigrane la question de l’appropriation.

Si cela se fait un peu au détriment de l’énergie foutraque des aventures précédentes, l’enquête préalable sur la disparition de la statuette et le meurtre de M. Balthazar suit un cheminement plus logique, bien que le perroquet « gros-plein-de-soupe » joue les gros jokers scénaristiques.

 

7. Les bijoux de la Castafiore

 

Les Aventures de Tintin : Les bijoux de la CastafioreGare à la catastrophe

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? C’est le coup de bol du (petit vingtième) siècle : la Castafiore se pointe à l’improviste à Moulinsart l’un des trois seuls jours de la décennie où Tintin n’est pas en train de vadrouiller à l’autre bout du monde. Puis des Tziganes s’installent à proximité, et un bijou disparaît. Comme dirait le reporter : tiens tiens…

Pourquoi ce sont des vocalises en majeur ? La ligne claire indissociable du trait d’Hergé est cette fois également narrative. Le raffinement de l’épisode consacre l’aboutissement d’une tendance à l’épure : Tintin joue à domicile et les espions d’hier sont devenus de simples paparazzis. Même le principal ressort scénaristique n’intervient qu’après plusieurs délayements.

Le récit scintille d’à-côtés humoristiques. Nombre d’impromptus sont filés en une succession de gags (la marche cassée) dont les chutes et malentendus génèrent l’énergie d’une pièce de boulevard, aux entrées et sorties de scène scandées par des vocalises.

Par ses personnages délicieusement azimutés et ses expérimentations audiovisuelles, l’épisode confine à l’expérience surréaliste, culminant en une projection organisée par Tournesol aux limites du trip chamanique.

 

6. Le sceptre d’Ottokar

 

Les Aventures de Tintin : Le sceptre d'OttokarTintin a-t-il le sang aussi bleu que son chandail ?

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Écouter aux portes (deux fois) puis ouvrir un colis qui ne vous est pas destiné peut éventer une conspiration et déjouer un attentat. Heureusement, Tintin est plus respectueux des frontières européennes que les émanations radioactives de Tchernobyl.

Pourquoi on préfère le complimenter en syldave que l’insulter en bordure ? La Syldavie, ses accents chantants, ses trognes, son faste, ses moustaches, ses tapisseries murales, ses tenues traditionnelles… L’épisode va jusqu’à intégrer des pastilles historiques et géographiques pour permettre au téléspectateur d’être pleinement imm(h)ergé dans son pays d’inspiration balkanique.

Articulée autour d’une énigme stimulante (le mystère de la salle du trône close), l’aventure est riche en adrénaline : la chute libre, le guet-apens, l’irruption au concert et cette course-poursuite finale trépidante dans les montagnes, aller et retour.

 

5. Tintin au Tibet

 

Les Aventures de Tintin : Les 7 boules de cristalQuand ta géocache est du niveau hardcore

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Tintin entraîne le capitaine à la conquête de la plus grande chaîne de montagnes du monde sur la foi d’un très mauvais rêve. Il tombe purement par hasard sur un rocher indicateur gravé par Tchang. L’immensité de l’Himalaya, c’est surfait.

Pourquoi c’est aussi touchant qu’un yéti abandonné ? Les appels à l’aide de Tchang, la découverte éprouvante de l’épave puis celle, cathartique, des idéogrammes, les adieux à Tharkey… une mélancolie à fendre les pierres himalayennes baigne ce périple tibétain, jusqu’au final déchirant avec sa bête dont les émotions transcendent l’animalité. Que le déclencheur de l’aventure soit un pur acte de foi renforce son caractère poignant.

 

Les Aventures de Tintin : Tintin au Tibet“Vous avez plus de chances d’y croiser un caméo d’Hergé”

 

La dérive du capitaine dans l’ordre des marcheurs à coups de plans syncopés et d’une musique qui s’épuise restitue l’exigence du périple, avant que des cris mêlés au vent glacé, une filature déboussolante dans le blizzard ou une entorse à la linéarité narrative ne fassent monter la tension.

Après nombre de complots humains, la nature devient ici le seul enjeu. L’Himalaya offre un cadre sublime et la vision de Tintin se découpant sur la lune en ombre népalaise compte parmi les photogrammes inoubliables de la série.

 

4. Les cigares du pharaon / Le lotus bleu

 

Les Aventures de Tintin : Les cigares du pharaonTintin dans l’œil de Cyclone

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Tintin démantèle une secte d’aristocrates sponsorisée par le KKK, un trafic d’opium à cheval sur trois pays et désamorce une guerre. Pas de quoi dissuader ses supposés amis de le chloroformer et jeter à l’eau. Quant au Radjaïdjah, il réussit l’exploit de rendre le professeur Cyclone, pionnier des noms capillotractés, plus dingue qu’il n’est déjà.

Pourquoi c’est meilleur qu’un cigare fumé en position du lotus ? Paru après trois albums plus rudimentaires, voire carrément gênants (le Congo…), ce diptyque constitue un vrai saut qualitatif par son ampleur, ses thèmes, sa richesse et son ambition narrative. De l’Égypte à la Chine en passant par l’Inde, l’adaptation s’élève visuellement et honore le travail de documentation effectué par Hergé (surtout à partir du second opus). On regrettera seulement que la dimension politique soit édulcorée.

 

Les Aventures de Tintin : Le lotus bleuY a pas d’fumerie sans fumeurs

 

Les deux opus sont joliment complémentaires avec la lutte contre l’opium en trait d’union. Les cigares du pharaon s’adosse à l’imaginaire égyptien pour entremêler suspicion paranormale et dangers terriblement triviaux : on passe en un plan d’une hallucination dantesque dans un tombeau au réalisme d’une saisie de drogue en haute mer.

Les présages funestes se multiplient et les intentions mettent du temps à se clarifier (Mitsuhirato, Didi…) d’autant que le Radjaïjah peut rebattre les cartes à tout moment. L’hôpital psychiatrique laisse sortir un fou et enferme un sain d’esprit, une intervention présumée héroïque interrompt un tournage et l’infiltration d’une secte masquée concernant la quasi-totalité du casting parachève la perte de repère. 

Nombre de personnages appelés à devenir récurrents font leur apparition (les Dupond-t, Oliveira de la Figeira…), dont le plus Rastapopulaire des antagonistes, qui se démarque d’emblée par sa résilience, ses manières aristocratiques et sa violence larvée. Sans oublier Tchang, dont la vulnérabilité mêlée de détermination emporte instantanément la sympathie.

 

3. Objectif lune / On a marché sur la lune

 

Les Aventures de Tintin : Objectif luneJe crois que nous avons affaire à des professionnels

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Tournesol vise la Lune, ça ne lui fait pas peur mais ça inquiète davantage ses concurrents qui tentent de lui mettre des bâtons de dynamite dans les moteurs nucléaires. Heureusement, Tintin et sa clique font valoir leur expérience astronomique pour aller personnellement remercier le noble satellite de son coup de main chez les Incas.

Pourquoi ça vise les étoiles ? Ces pérégrinations lunaires ont marqué par leur science de la narration et leur caractère visionnaire. Rappelons que l’album originel est paru avant même le lancement du premier satellite artificiel… Les difficultés à secourir le capitaine dans le sas pressurisé semblent annoncer le sort funeste d’Apollo 1. L’adaptation ne se prive pas d’évacuer l’une des rares invraisemblances en occultant l’exploration de la grotte de glace.

 

Les Aventures de Tintin : Objectif luneTintin contre le traître suicidaire accro au jeu à la physionomie bonhomme

 

Le double épisode réussit une greffe improbable entre l’anticipation, le thriller de contre-espionnage, le drame et la comédie (les rayons X des Dupond-t, la fureur de Tournesol…). Au point qu’à aucun moment les énormités (les clandestins presque aussi nombreux que l’équipage, le système de destruction monté unilatéralement en une nuit) n’entravent la tension, qui culmine en un retour vers la Terre en apnée. Sans oublier la trajectoire tragique de Wolf, dont la gravité (sic) et le traitement moins manichéen qu’à l’accoutumée détonnent.

Ballets en apesanteur et panoramas lunaires mélancoliques, soutenus par des thèmes musicaux toujours aussi sublimes, renouvellent la grammaire visuelle. Le design de la fusée à carreau XFLR6 fait désormais partie intégrante de l’imaginaire francophone.

 

2. Le secret de la licorne / Le trésor de Rackham le rouge

 

Les Aventures de Tintin : Le secret de la licornePrenez garde, un certain Steven Jackson serait sur le coup

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Évitez les brocantes, c’est un coup à y dégotter une vieille maquette qui va prendre la poussière, un parchemin qui vous enverra au bout du monde pour rien et des enchérisseurs déconfits très revanchards.

Pourquoi c’est inestimable ? Ce récit classique de chasse au trésor est enrichi de mille-et-une trouvailles, avec le personnage du pickpocket en électron libre. Maquettes à tiroir, rivaux endiablés et carte codée structurent une épopée dont on comprend qu’elle ait servi de trame principale à l’adaptation de Spielberg. Et comment oublier le flash-back épique impliquant l’ancêtre Haddock, narré par un capitaine dangereusement exalté ?

 

Les Aventures de Tintin : Le secret de la licorneQuand ton sidekick a plus de background que toi

 

Après cette masterclass, l’adaptation fait le choix de resserrer la durée du second opus, osant l’ellipse pour éliminer les péripéties dispensables. Un certain Tournesol, doux dingue frappé d’une surdité à décibels variables, fait son apparition. Car la véritable nature du trésor se dévoile dans le final : l’irruption du professeur et de Nestor, puis le rachat de Moulinsart, consacrent la formation de la « famille Tintin ».

 

1. Les sept boules de cristal / Le temple du soleil

 

Les Aventures de Tintin : Les 7 boules de cristalAre you my mommy ?

 

Il lui arrive quoi à Tintin ? Sept profanateurs de sépulture professionnels plongent les uns après les autres dans un état catatonique. Quant à Tournesol, même ligoté à un bûcher après plusieurs semaines de captivité, il ne comprend toujours pas ce qui lui arrive. Heureusement, le soleil avait piscine.

Pourquoi c’est l’aventure avec un grand (inc)A ? Faites l’expérience : prononcez devant quiconque ayant regardé la série dans son enfance le nom de Raskar Capac. Vous verrez ses yeux s’arrondir, ses pupilles se dilater et son souffle s’accélérer à mesure que lui reviendra la vision d’un cadavre strié d’éclairs s’infiltrant dans la chambre de Tintin.

Et la malédiction divine s’attachera à leurs pas, et les poursuivra par-delà les mers et les monts… Dès sa merveilleuse introduction, le récit nous plonge dans un mystère accrocheur qui braconne sur les terres du paranormal.

 

Les Aventures de Tintin : Le temple du soleilTintinnophile à la patte

 

À la course contre la montre vouée à l’échec du premier segment succède une expédition inoubliable sur les traces de la civilisation inca. Celle-ci enchaîne répliques cultes (“quand lama fâché, lui toujours faire ainsi”) et péripéties stupéfiantes : le condor, la traversée de la cascade et l’inévitable scène du wagon en perdition. À ce stade ce n’est plus un diptyque : c’est un best of.

Ceux que l’ordre complètement arbitraire des épisodes ne découragera pas retrouveront avec plaisir Les aventures de Tintin sur Netflix. Ils revivront le frisson de cases qui semblent s’animer de méchants hauts en couleur, de péripéties trépidantes, de musiques épiques et d’alliés tendrement imparfaits faisant corps autour d’un héros à la houppette intemporelle.

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